- CHINE (MINORITÉS ETHNIQUES EN)
- CHINE (MINORITÉS ETHNIQUES EN)CHINE MINORITÉS ETHNIQUES ENCe que l’on a l’habitude d’appeler peuple chinois se compose en réalité d’éléments ethniques variés. À côté des Han, qui forment l’immense majorité de la population (plus de 90 p. 100), subsistent une cinquantaine de minorités nationales (shaoshu minzu ). La langue chinoise dispose de deux termes pour distinguer clairement deux notions souvent confondues dans les sociétés occidentales: Hanzu désigne les individus appartenant à l’ethnie la plus importante, celle des Han; et Zhongguo ren désigne les ressortissants de la République populaire, quel que soit leur groupe ethnique.L’existence de ces nombreuses minorités est le résultat d’un long processus historique, que l’on entrevoit dès les débuts de l’histoire de la Chine. À partir d’un noyau situé dans les régions du moyen fleuve Jaune, la culture chinoise a progressivement rayonné vers les régions voisines; les populations des confins se trouvèrent ainsi peu à peu assimilées: elles entraient dans la communauté chinoise et, après quelques générations, étaient considérées comme Han. Il n’est pas exagéré de dire que l’histoire de la Chine est en partie l’histoire de cette acculturation. Des textes chinois de l’époque Zhou font mention des populations «barbares» (Yi, Rong, Di) avec lesquelles les Chinois d’alors entretenaient d’étroites relations, et qui furent assimilées dès le début de l’Empire. Le même phénomène se reproduit ultérieurement. Il est possible, pour chaque époque, d’établir des listes de barbares qui gravitaient aux confins du monde chinois. La nomenclature utilisée a d’ailleurs beaucoup varié, et il est souvent difficile d’établir un rapport entre les diverses appellations, pour retrouver le lien historique entre les populations que nous connaissons à présent et celles dont les noms sont mentionnés dans les textes des différentes époques. Bien que ces sociétés restent encore mal connues, il est certain qu’elles ont joué un rôle très important dans l’élaboration de la culture chinoise qui n’a cessé de se former à leur contact. Le brassage fut particulièrement intense du IIIe au VIe siècle, lors du morcellement de la Chine du Nord en petits royaumes barbares sinisés. Dès le VIIIe siècle, mais surtout à partir des XIIe-XIIIe siècles apparaissent dans les textes des minorités dont les appellations figurent encore dans la liste officielle établie par la République populaire (Yao, Miao, Zhuang, Tibétains, Ouïghours, Mongols...). À partir du XIVe siècle, les renseignements se font plus nombreux, et il est aisé de suivre l’histoire des contacts entre les Han et les non-Han vivant en symbiose aux confins de l’Empire.La plupart des minorités sont réparties désormais à la périphérie du territoire chinois, dans les marches du Nord, de l’Ouest et du Sud, c’est-à-dire dans des régions d’accès souvent difficile où la sinisation s’est fait sentir plus lentement. Le rôle historique qu’ont pu jouer les diverses minorités nationales a beaucoup varié. La civilisation de certaines ethnies, tels les Tibétains, les Mongols, les Ouïghours, originale et élaborée (langue, écriture, religion), rendait possible une résistance à l’assimilation pure et simple. Il en allait tout autrement pour les minorités du Sud-Ouest, et surtout celles du Yunnan et du Guizhou, dont la variété extrême (plus de la moitié du total des minorités recensées en Chine sont au Yunnan), l’éparpillement (les Miao, notamment), la faible importance numérique et les différences linguistiques n’ont guère permis la formation d’unités solides. Les Zhuang (connus dès le XIe siècle) sont une exception: ils constituent la minorité la plus importante (16 millions en 1990) et vivent en un groupe compact au Guangxi. Les Mandchous (minorité apparue tardivement dans l’histoire), qui pénétrèrent dans le nord de la Chine au milieu du XVIIe siècle et fondèrent la dernière dynastie, celle des Qing, offrent un bel exemple de sinisation. L’histoire des Hui (ou Huihui), marchands musulmans venus d’Asie centrale, dont le nom apparaît sous les Mongols, est plus complexe; on les trouve à présent disséminés à travers tout le territoire ou bien regroupés dans certaines régions (Ningxia, Gansu, Yunnan).
Encyclopédie Universelle. 2012.